Actualités REFRAM : Interview De M Babacar Diagne, président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Sénégal), vice-président du REFRAM

1. En application de l’accord de coopération passé entre le REFRAM et l’ERGA, vous avez participé à la réunion plénière du réseau des régulateurs de l’Union européenne le 1er décembre 2022 à Bruxelles. Que tirez-vous de cette expérience et de vos échanges avec les régulateurs et la Commission européenne ?

C’est surtout la possibilité pour nous de pouvoir profiter de l’exemple européen consistant à la mise en œuvre de nouvelles règles pour les plateformes en ligne, qui est un aboutissement formidable. Les Européens ont très bien travaillé…

Il s’agit maintenant pour nous, avec le concours des plateformes de régulateurs à l’instar du REFRAM, de faire bénéficier à l’ensemble des pays francophones du continent africain des grands principes de cet accord.
Ce qui est tout à fait logique car la problématique de la régulation des services numériques ainsi prise en charge par l’Europe, est une question universelle, qui interpelle fortement le monde. Ce qui est valable pour l’européen l’est aussi pour l’africain. Je pense qu’il est possible de travailler « main dans la main » avec le REFRAM pour essayer de faire ce que l’ERGA a réussi en Europe.
Le président Roch-Olivier Maistre est dans ces dispositions et nous allons y travailler pour que le modèle européen fasse « tache d’huile » sur le continent africain.

2. Vous avez représenté le REFRAM lors du récent atelier préparatoire de l’OIF en amont de la Conférence mondiale de l’UNESCO sur La régulation des plateformes pour l’information comme bien public, comme lors de celui visant à apporter une contribution à la consultation de l’ONU sur le Pacte numérique mondial. Quelle valeur ajoutée peuvent apporter la Francophonie et le REFRAM dans ce contexte ?

C’était extrêmement intéressant. Maintenant, j’avoue que j’ai le souci d’une plus grande présence francophone. Malgré nos actions de régulation, les contenus diffusés par ces plateformes numériques sont pour la majorité d’origine anglophone.

Nous devons essayer d’avoir sur ces plateformes plus de productions francophones, marquant réellement une présence culturelle francophone. Sur cette question essentielle, je pense que les mécanismes de financement de la création ont été çà et là démantelés, ce qui à mon avis n’est pas une bonne chose. Encore une fois, nous devons très sincèrement essayer de travailler pour une plus grande présence francophone. Il s’agit là de notre contribution en tant que francophone, en tant que REFRAM. D’ailleurs c’est le thème que mes collègues qui connaissent mes positions sur le sujet, m’ont proposé de développer dans le cadre de la rencontre internationale sur la question de la régulation des plateformes numériques, qui se tiendra très prochainement au Maroc.

Maintenant, les grandes plateformes américaines viennent prendre des sujets africains, on l’a vu avec Woman King, avec d’autres créations, qu’ils traitent avec des « lunettes » de leur monde à eux. Faut-il rappeler que l’Afrique est un continent jeune au plan de la production audiovisuelle avec encore beaucoup de sujets riches à aborder, de thématiques culturelles locales à valoriser. Il y a encore à faire pour nous en tant que francophones, notamment assurer une véritable présence culturelle africaine à l’avantage de notre jeunesse.

3. Dans le cadre de la feuille de route 2022 – 2024 du REFRAM, que prévoit le CNRA en 2023 ?

Nous prévoyons cette grande rencontre avec les plateformes sur le continent Africain. Jusqu’ici nous avons eu à rencontrer celles-ci en Europe ou ailleurs, Il est temps que ce Face à Face « Afrique-Plateformes numériques » se fasse, qu’il soit réussi grâce au soutien et à l’aide du REFRAM.

Je travaille sur ce projet avec le président Roch-Olivier Maistre, nous allons poser les vrais sujets, les véritables préoccupations du Continent, nos préoccupations en tant que membre du REFRAM pour que nous pussions nous aussi voir nos « désiderata » pris en charge par ces plateformes.

C’est un événement majeur que nous préparons là, je pense qu’il se tiendra au début du mois d’octobre 2023.

 

Babacar Diagne, président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Sénégal), vice-président du REFRAM

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