Le CNRA et le CORED accordent leurs stratégies pour un paysage médiatique digne de la démocratie

Faire du CNRA une position d’influence moins que d’autorité. Le crédo de l’actuel collège du Conseil national de régulation de l‘audiovisuel a été largement partagé mardi au cours d’une réunion tenue au siège de l’institution, sur la demande du Tribunal des Pairs du CORED. Selon le Président Babacar DIAGNE, hôte de la rencontre, le Régulateur de l’audiovisuel n’a ‘’aucun intérêt’’ dans des sanctions certes prévues par le loi, mais dont la mise en œuvre pourrait constituer une menace pour le pluralisme médiatique. Il ne veut envisager une telle perspective, a-t-il fait observer.

‘’ Le Conseil National de Régulation de l’audiovisuel veut insister sur l’influence pour convaincre plutôt que de contraindre’’, a insisté le Président du CNRA, rappelant notamment ce qui devrait être la responsabilité des médias dans la construction et la consolidation de la démocratie d’une part, dans le renforcement de la cohésion nationale et la préservation de la paix civile d’autre part.

Pour l’atteinte de tels objectifs, une bonne collaboration avec le Conseil pour l’Observation des règles d’éthique et de déontologie serait un atout, a-t-il affirmé, rencontrant sur cette position celle du CORED dont le Président, Mamadou THIOR, a salué l’esprit qui s’est installé depuis quelques années entre régulation et auto- régulation. Jusqu’ici, c’est en période électorale que les deux organismes mutualisaient leurs observations du travail des médias dans un contexte de passion et parfois de tensions.

THIOR a saisi l’occasion pour rappeler les nouvelles dispositions du Code de la Presse qui accorde au CORED un droit de regard et de décision sur la délivrance de la Carte nationale de Presse, dont les conditions d’attribution et de conservation seront adossées au strict respect des codes éthique et déontologique qui fondent la profession de journaliste.

De son côté, le Président du CNRA a expliqué ce qu’il en sera désormais pour l’attribution de licence d’exploitation d’une chaine de télévision. Réduit jusqu’ici à un rôle de constatation-observation pour des rappels à l’ordre ou éventuelles sanctions contre les contrevenants aux lignes de conduite attendues des diffuseurs de contenus, le régulateur de l’audiovisuel sera au cœur du processus en amont. Pas de licences sans quitus du Conseil national de régulation de l’audiovisuel, est-il désormais indiqué dans le nouveau Cahier des charges applicables aux éditeurs. Ces informations seront partagées jeudi avec les éditeurs déjà attributaires de licences. Ce sera à l’occasion d’une rencontre dédiée, qui aura lieu au Ministère de la de la Culture et de la Communication sous la présidence du ministre Abdoulaye DIOP, en présence du CNRA et du directeur général de la Télédiffusion du Sénégal, M Amadou DIOP.

Les dérives, dérapages et autres manquements aux codes devraient progressivement céder place à plus de responsabilité et de professionnalisme, dans le paysage médiatique sénégalais si éditeurs et acteurs s’approprient les recommandations et espoirs de mieux, délivrées mardi, devant la presse, au siège du CNRA. La balle est dans le cas des acteurs des médias.

En parlant de co- régulation entre CNRA et CORED, on rappelle que le premier s’adresse exclusivement aux éditeurs et patrons de presse dans le secteur de l’audiovisuel, tandis que le CORED parle aux employés des media, il est le destinataire des avis citoyens sur le travail des journalistes, dont il peut aussi s’autosaisir des dérives, le cas échéant. Selon président THIOR, le Tribunal actuellement en exercice de mandat a déjà reçu dix plaintes et en a traité une demie douzaine.

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