De quel Audiovisuel voulons- nous ?

  • Justement, qu’avons-nous fait de cette liberté ? Qu’avons-nous fait de cette valeur chèrement conquise ?

Une revue de l’état de la liberté d’expression dans le paysage audiovisuel en 2014, montre une présence quantitative de 17 télés et plus de 200 radios en opération. La performance qualitative est plus subtile à établir. Elle de- mande que nous l’examinions.

Quel usage est fait par les télévisions et les radios, des concessions en faveur d’une liberté d’expression effective au bénéfice de la société ? Quel est l’esprit du pacte social ? Quelles sont les contreparties attendues des entreprises médiatiques ?

La liberté de la presse est une modalité de la liberté d’ex- pression qui fait l’objet de concession de ressources publiques que sont les fréquences radio et télévision. C’est au titre de cette liberté d’expression et au bénéfice de la société, que le Conseil national de Régulation fait un monitoring de l’utilisation faite de ces fréquences et des contenus qui y sont diffusés.

La liberté d’expression jouit d’une garantie constitutionnelle. Il existe, pour sa mise en œuvre, une déclinaison d’instruments juridiques appropriés. L’État du Sénégal entretient une relation et une pratique honorables à ce droit. Dans les faits, il existe une floraison et une diversité de sup- ports qui permettent l’exercice de la liberté d’expression.

En 2014, aucun journaliste n’a été inquiété, aucun média n’a été censuré, à la notoire exception des moments où des usagers ont fait valoir leur droit en portant à l’attention du CNRA, l’inadéquation de certaines émissions et de leurs contenus par rapport à d’autres principes applicables à l’organisation de la société, au respect des institutions et à la cohésion sociale. Je ne parle pas des autres organes de l’Etat, je parle du CNRA, car pour nous, la norme c’est la liberté.

A titre d’exemple, deux émissions ont fait l’objet de sus- pension par le CNRA. Des décisions ont ensuite été prises concernant certains contenus inadaptés ou inappropriés. Oui, le principe de la liberté d’expression a des limites. Ces limites sont celles qui découlent des libertés individuelles et collectives des citoyens. Ces derniers doivent nécessairement être protégés contre tous abus, préjudice, stéréotype, stigmatisation, viol de conscience, agression ou représentation dévalorisante voire dégradante.

Les principes et applications de la liberté d’expression sont définis et protégés par le cadre légal du droit constitutionnel. L’exercice de ce droit suppose le respect des limites. La liberté d’expression n’est pas concevable à l’exclusion d’autres libertés et protections prévues par la loi. On ne peut vulgariser des propos qui remettent en cause la cohésion nationale, l’intégrité du territoire, les questions relatives aux bonnes mœurs, au respect des institutions, à la protection de la vie privée et de la dignité humaine.

Alors, jusqu’où va la liberté d’expression ?

Le principe philosophique et de droit est de permettre à tous de participer à la démocratie, en vertu de la liberté d’expression.

Toutefois, la recherche de l’audimat ne peut servir de prétexte à la diffusion inconsidérée ou irresponsable, de contenus inappropriés sous le couvert de la liberté d’ex- pression.

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