Avis Trimestriel Janvier, Février Mars 2014

Les joutes oratoires heurtées et les accès de violences verbales préparent le terrain à la violence physique, à l’incivisme et aux actes de vandalisme relayés par des médias dont les animateurs auront chauffé à blanc l’opinion, monté des radicalismes politiques à l’approche des élections locales et à la faveur de certains événements judiciaires. Les télévisions et radios devraient s’abstenir de leur servir de réceptacles.

4/ La prolifération croissante de jeux de toute nature proposés par les médias audiovisuels peut mener certaines couches de la population à une dépendance dont il est difficile de se défaire et aux conséquences néfastes, tant pour le joueur que pour son entourage. Elle incite le public à une course effrénée au gain, aléatoire et grosse de toutes les dérives.

5/ L’article 7 de la loi 2006-04 du 04 janvier 2006 portant création du CNRA consacre le principe de la diversité des identités culturelles. La construction de notre jeune nation requiert le respect et la préservation de toutes les composantes qui en assurent la richesse et la pluralité.

Les initiatives des chaînes de télévision qui visent à les faire découvrir sont à saluer et à encourager. Elles ne doivent pas, cependant, conduire à des commentaires d’animateurs ou de journalistes qui étalent leurs méconnaissances de certaines pratiques culturelles et dont les propos peuvent heurter la sensibilité de certains publics. Les nations reposent sur des équilibres fragiles. Les éditeurs de programmes audiovisuels doivent veiller à concevoir des émissions dont l’impact positif participe au renforcement de la cohésion nationale.

6/ Les télévisions doivent proscrire la diffusion de programmes de nature à promouvoir des pratiques et pathologies sociales néfastes et corruptogènes.

Il en est ainsi des scènes d’exhibitionnisme et de gabegie dont l’indécence jure avec la situation de précarité économique de la majorité des Sénégalaises et Sénégalais. Il s’agit notamment des scènes de distribution d’argent à des artistes, chanteurs et autres prestataires ou communicateurs traditionnels.

La retransmission en direct de ces programmes ne permet cependant aucune anticipation sur de tels comportements et pratiques. La rediffusion, parfois en boucle et sur des périodes abusivement longues, favorise la valorisation de ces anti-modèles et antivaleurs aux influences dévastatrices sur de larges franges de la société sénégalaise.

7/ La couverture des événements sportifs ne saurait constituer un moment de promotion de comportements négatifs, aux antipodes des valeurs de saine compétition, de sportivité et de fairplay. Les acteurs des médias qui interviennent dans ces manifestations devraient inscrire leur action dans le respect des règles éthiques et déontologiques qui gouvernent l’exercice de leur profession.

Conclusion

La programmation audiovisuelle doit se garder de servir de support à des pratiques qui portent atteinte à l’équilibre des familles et de la société. Elle doit, tout particulièrement, répondre aux préoccupations exprimées dans le cahier des charges en ce qui concerne l’obligation de préservation du jeune public, en veillant surtout à ne pas les exposer à des contenus nuisibles à leur épanouissement mental et psychologique.

Le CNRA rappelle que la régulation aujourd’hui, est aussi une œuvre collective qui interpelle les différentes composantes de la société. A cet effet, le CNRA invite à plus de vigilance de tous les acteurs concernés.

Pour l’Assemblée du CNRA

Le Président

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